Darras tome 14 p. 153
42. La bienheureuse vierge Genovefa ne survécut que quelques mois à Clovis. « De retour à Lutèce, après un pèlerinage au tom- beau de saint Martin, dit son biographe, la thaumaturge continuait à guérir les malades par l'onction de l'huile bénite. Un jour on lui amena un démoniaque, et comme elle voulait lui faire l'onction accoutumée, il se trouva que l'ampoule était vide. Troublée de ce contre-temps, la servante de Dieu ne savait que faire, car le pontife qui seul bénissait l'huile dont elle se servait était absent. Elle s'agenouilla et se mit en prières, suppliant le Seigneur de faire miséricorde à l'infirme. Quand elle se releva, l'ampoule se trouva pleine d'huile; la vierge fit l'onction sur l'énergumène, qui fut aussitôt délivré. Dix-huit ans se sont écoulés depuis lors, ajoute le biographe, et j'ai vu de mes yeux l'ampoule contenant encore quelques gouttes de cette huile miraculeuse. Je ne décrirai point en détail la mort de la sainte, ni les honneurs qui entourèrent ses funérailles, pour ne pas trop allonger ce récit. Genovefa mourut chargée d'années et de vertus. Elle était âgée de quatre-vingt-neuf ans, quand elle quitta ce siècle pour émigrer vers le Seigneur. Son corps fut déposé en paix dans l'église de Saint-Pierre et Saint-Paul sur le mont Leuco-titius, le III des nones de janvier. Deux miracles signalèrent ses obsèques. Un adolescent, nommé Pudens, souffrait d'une maladie incurable. Ses parents en pleurs l'amenèrent au sépulcre de la bienheureuse vierge, et à l'instant l'infirme fut guéri1. Un Goth, paralysé des deux mains, passa la nuit en prières sur le tombeau de la sainte, et le lendemain son infirmité avait disparu. L'église où Genovefa fut inhumée, près de la tombe de Clovis, n'était point encore achevée. La reine Clotilde termina cet édifice, et en fit décorer le triple portail par des peintures représentant les patriarches, les prophètes et les martyrs. Rémi, évêque de Durocortorum (Reims), celui qui avait baptisé Clovis, en fit solennellement la dédicace en
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1 Quem cum ab infirmitate calculi nimium afflictum parentes sui vivere despe-rarent, et ad tumulum sanctœ virginis Genovefœ, cum fletui et gemitibus medelam ejus œgritudinis implorassent, ipia die, lapis ab eadem infirmitate generatus, ab eodem egressus est. Vlteriusque eum predicta infirmitas non vexavit. (Bolland., Act. S. Genovef., 3 jaa.
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p154 PONTIFICAT DE SAINT SYMMAQUE (498-514).
présence des trois princes Glotaire, Childebert et Clodomir. Après la mort de la très-bienheureuse Geneviève, on entretint sur son tombeau une lampe allumée dont l'huile guérissait les malades. Il arriva fréquemment que, sans être renouvelée, cette huile se multipliait d'elle-même sous la main des fidèles qui venaient constamment y puiser, comme à une source intarissable 1. » On sait que la basilique primitive changea son vocable des Saints-Apôtres pour prendre celui de sainte Geneviève, et devint le centre d'une abbaye, qui porta elle-même le nom de la glorieuse vierge et qui subsista jusqu'à l'époque de la Révolution française2.