La communion de la foi 37

p236 DISCERNER ET AGIR

 

------- Seule une raison qui est également ouverte à Dieu ‑ seule une raison qui ne bannit pas la morale dans la sphère subjective ou l'abaisse en un calcul, peut parer la manipulation de la notion de Dieu et les maladies de la religion, et offrir des remèdes.

 

-------- Dieu lui‑même est Logos ‑ sens, raison, parole, et c'est pourquoi l'homme lui correspond par l'ouverture de la raison et la défense d'une raison qui ne soit pas aveugle aux dimensions morales de l'être. Car «logos» signifie une raison qui n'est pas simplement mathématique, mais qui est en même temps le fondement du bien et qui en garantit la dignité. La foi dans le Dieu‑Logos est en même temps foi en la force créatrice de la raison; c'est la foi dans le Dieu créateur, ce qui signifie croire que l'homme est créé à l'image de Dieu et qu'il participe donc de la dignité inviolable de Dieu lui-même. -------

 

   Dieu est Logos. À cela s'ajoute un second élément. La foi chrétienne en Dieu nous dit aussi que Dieu ‑ la Raison éternelle ‑ est Amour-------- Justement parce qu'il est souverain, parce qu'il

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p237 À LA RECHERCHE DE LA PAIX

 

est Créateur, parce qu'il embrasse tout, il est Relation et il est Amour. La foi en l'incarnation de Dieu en Jésus‑Christ, et en sa souffrance et mort pour l'homme, est l'expression suprême d'une conviction: que le coeur de toute morale, le coeur de l'être lui‑même et son origine la plus intime est l'amour. -------- Pour autant, n'oublions pas que le Dieu de la raison et de l'amour est aussi le juge du monde et des hommes ‑ le garant de la justice, à laquelle tous les hommes devront rendre compte. ---------- -------

 

------- La foi chrétienne a supprimé ‑sur la base du chemin de Jésus ‑ l'idée de la théocratie politique. Elle a ‑ en termes modernes ‑ établi la sécularité d'un État dans lequel les chrétiens cohabitent, dans la liberté, avec des tenants d'autres convictions, une cohabitation ayant pour base, du reste, la responsabilité morale commune qui est donnée par la nature de l'homme, par la nature de la justice. À partir de ceci, la foi chrétienne distingue le

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Royaume de Dieu, qui n'existe pas en ce monde en tant que réalité politique et ne peut exister comme tel, mais advient par la foi, l'espérance et la charité, et doit transformer le monde de l'intérieur. --------  Ce caractère séculier, « laïc », de l'État inclut en son essence cet équilibre entre raison et religion que j'ai essayé de montrer auparavant. Par là il s'oppose aussi, au laïcisme idéologique, qui voudrait en quelque sorte établir un État de la pure raison, un État qui est coupé de toutes les racines historiques et ne connaît plus, dès lors, que les fondements moraux s'imposant à cette raison. Ainsi ne lui reste‑t‑il, à la fin, que le positivisme du principe de la majorité, et la décadence du droit qu'il entraîne, autant que celui‑ci, au bout du compte, est régi par la statistique. Si les États d'Occident s'engageaient tout entiers sur cette voie, ils ne pourraient à la longue résister à la pression des idéologies et des théocraties politiques. -------- Un État de la raison abstraite, an-historique, ne saurait subsister.

 

---------- Je voudrais conclure par un mot

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p239 A ii RECHERCHE DE LA PAIX

 

du philosophe de Kid, Kurt Hubner, qui laisse apparaître clairement ce souhait: «Nous pourrons éviter le conflit avec les cultures qui nous sont aujourd'hui hostiles, à condition seulement de démentir le reproche véhément de l'oubli de Dieu, en redevenant pleinement conscients du profond enracinement de notre culture dans le christianisme. -------C'est un fait: si nous ne faisons pas mémoire du Dieu de la Bible, du Dieu qui s'est fait proche en Jésus Christ, nous ne trouverons pas le chemin de la paix.

 

© Robert Hivon 2014     twitter: @hivonphilo     skype: robert.hivon  Facebook et Google+: Robert Hivon