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3. Ce qui s'oppose à la prière
------- nous n'avons pas à démontrer la légitimité de la prière chrétienne dans ce qu'elle peut avoir d'objectivement rationnel, -------- il faut ------ se demander brièvement quelles sont les raisons essentielles qui semblent s'opposer à cette rationalité. ---------
a. Une première raison réside dans le refus général de toute pensée métaphysique, refus qui correspond à la tendance principale de l'esprit contemporain. ------
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---------- C'est le propre de la foi chrétienne de s'adresser au Dieu réellement existant, Créateur de toutes choses et fondement de tout l'être, et que de son côté ce Dieu se soit adressé à nous. Celui qui nie la métaphysique nie la création et nie ainsi la notion chrétienne même de Dieu.
Vice versa, la croyance en une création est, elle aussi, maintenant comme autrefois, le fondement rationnel le plus fort de la notion chrétienne de Dieu et de son implication métaphysique ‑ -------------
b. ------- il reste une deuxième objection à un Dieu révélé, -------: un univers construit rationnellement est détermi-
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né par la structure rationnelle des causes.
Dans cet univers, l'idée d'une intervention personnelle est un élément mythique et contraire au système. Si l'on pense ainsi, il faut alors être logique jusqu'au bout. Car ce qui vaut pour Dieu vaut aussi pour l'homme.
S'il n'y a qu'une seule sorte de causalité, l'homme en tant que personne est lui aussi supprimé pour réintégrer la causalité mécanique, c'est‑à‑dire le domaine de la nécessité ; la liberté devient alors un élément mythique. ----------
c. Enfin, il y a aussi une objection proprement théologique à un Dieu agissant hors de lui‑même par sa création et sa révélation. Elle a été formulée pour la première fois dans toute sa force par Aristote;
----------: l'éternité, de par sa notion même, ne peut entrer en relation avec le temps, et le temps, du fait de la même logique, n'a pas la possibilité d'agir sur l'éternité. --------- =================================
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-------- J'oserais avancer la thèse qu'un monothéisme non trinitaire ne peut en fait guère résister à l'objection d'Aristote. Il lui faudra en définitive laisser subsister l'éternité et le temps comme des contraires inconciliables.
Mais s'il n'y a pas de médiation possible entre les deux, c'est‑à‑dire s'il ne peut y avoir une relation réciproque et efficace entre temps et éternité, alors une éternité, si elle existait, n'aurait aucun intérêt réel pour l'homme.
--------- Le déisme n'est pas un produit nouveau du Siècle des Lumières,
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il est le retour du deus otiosus des religions mythiques. -------
4. Une religion sans un Dieu qui écoute
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a. Aristote confère une signification à la prière qui n'atteint pas Dieu, en interprétant cette prière comme le fait de “cultiver ce qu'il y a de meilleur en nous‑mêmes 14 » C'est
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au fond la même chose que ce que les théologiens modernes décrivent comme «l'acte de transcender ». --------
b. En regard, la voie des religions asiatiques paraît d'une logique conséquente et d'une religiosité élevée: ces religions parlent de l'identité dernière de la profondeur du moi, qui en réalité n'est plus un moi, de la profondeur divine de l'univers.
La prière est alors l'acte par lequel l'identité se découvre, où je trouve derrière les apparences mon identité secrète avec le fondement de tout être et je suis ainsi délivré de la fausse identité du moi individualisé.
La prière consiste à s'enfoncer dans ce que je suis réellement et en même temps à faire s'abîmer ce que le moi isolé croit être la réalité. Elle est délivrance par le rejet de tout l'être connu par expérience, par l'évasion hors du chaos de l'être, vers le pur néant, qui est le divin véritable.
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--------- on pourrait dire: l'anéantissement asiatique a pour but ultime la renonciation à la personne; la prière biblique, de par sa nature, est relation entre personnes et, de ce fait, confirmation définitive de la personne.
