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------- Heisenberg a démontré que l'issue d'une expérience était fortement déterminée par le point de vue de l'observateur et que les questions et le regard de ce dernier interféraient dans le «processus naturel.10 » Cela vaut aussi, dans une plus grande dimension encore, pour le travail sur les témoignages historiques---------
Le terme d' “interprétation » lui‑même nous met sur la voie: toute exégèse exige de l'interprète un
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«inter », un entrer‑dedans et un être‑au‑milieu, un être‑avec. L'objectivité pure est une abstraction absurde.
Celui qui apprend, ce n'est pas l'observateur extérieur, mais celui qui participe, car la participation est la condition préalable à la connaissance. Se pose alors la question de savoir comment participer sans que le moi étouffe la voix de l'autre; comment atteindre un « accord » intérieur avec le passé afin de pouvoir l'entendre avec des oreilles purifiées"11.
--------------- En histoire, cela joue encore plus ‑ répétons‑le ‑, car les processus physiques obéissent à une temporalité présente et peuvent être répétés, tandis que les processus historiques, qui ne peuvent pas être répétés, obéissent à une temporalité passée.
Qui plus est, ils sont porteurs de l'impénétrabilité et de la profondeur de l'humain en soi et dépendent donc bien plus de l'attitude du «sujet » auditeur que les déroulements des lois naturelles.
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---------- Ce qui devient visible, c'est qu'il s'agit aussi et surtout d'une histoire faite de constellations subjectives, dont les évolutions correspondent exactement aux évolutions de l'histoire de la pensée, qu'elles reflètent sous forme des interprétations de textes.
Au cours de la lecture diachronique de l'exégèse, les présupposés philosophiques qui la parsèment apparaissent d'eux-mêmes. L'observateur distant constate avec étonnement que les interprétations, en apparence strictement scientifiques et purement « historiques », reflètent davantage « l'esprit de ces messieurs » que l'esprit des temps anciens. ------
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------- Le verdict dépend essentiellement des appréciations théologiques de l'exégète lui‑même, ce qui laisse un vaste champ à l'arbitraire. Il convient avant tout d'en combattre l'idée fondamentale, qui repose sur une transposition simpliste du modèle évolutionniste des sciences naturelles à l'histoire de la pensée.
Les processus de la pensée n'obéissent pas aux lois qui régissent la généalogie zoologique. Le cas est même fréquemment inverse: une première avancée révolutionnaire est suivie par des générations d'épigones qui ravalent l'audace du début à la banalité de théories scolaires, la recouvrent et l'enfouissent, jusqu'à ce que, après avoir suivi de multiples détours, l'idée retrouve de son efficacité première.
Le caractère douteux des critères proposés est facilement illustré par l'exemple suivant: qui pourrait prétendre que saint Clément de Rome était plus «évolué » et « complexe » que saint Paul? Saint Jacques plus évolué que l'Épître aux Romains? La Didachè davantage que les lettres pastorales? -------------------------
