Cardinal Robert Sarah : « Dieu et le péché ne peuvent aller ensemble »
Cardinal Robert Sarah © Antoine Mekary / ALETEIA
Diane Montagna - publié le 05/10/15
Alors que le synode sur la famille a commencé ce lundi, le prélat guinéen est revenu pour Aleteia sur l'indissolubilité du mariage catholique et l'accès à la communion des divorcés remariés.
Le cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin depuis 2014, a fait partie des tout premiers prêtres ordonnés en Guinée. Il a publié en février 2015, Dieu ou Rien co-écrit avec Nicolas Diat.
Aleteia : Pourquoi avoir choisi le titre Dieu ou rien, et quel en
est le message principal ?
Cardinal Robert Sarah : L’idée était de redonner à Dieu toute sa place dans nos
pensées, notre quotidien, notre être, pour qu’Il redevienne notre Père
véritable. En perdant Dieu, nous sommes comme un arbre sans racine qui
meurt. J’y aborde également les grandes problématiques du monde
actuel : les défis de l’Église, le mariage, la prêtrise, le Pape…
Le Pape ? Dans quel sens ?
Le rôle du Pape est d’être celui à qui le Seigneur a remis les clés de
l’Église, pour qu’il soit le roc sur lequel l’Église repose. Le Pape doit
donc être le « Christ sur terre » et protéger la foi des chrétiens.
Le Pape s’exprime souvent sur l’économie, l’environnement,
l’immigration, etc. Comment comprendre fidèlement ses propos ?
Sur ces sujets, il ne faut pas considérer ses paroles comme relevant du dogme
car ils ne répondent pas à son champ d’expertise. Il s’agit juste d’une opinion
personnelle. Mais si ses propos portent sur le Christ, les sacrements, la
foi, qu’ils sont illustrés et illuminés par l’Évangile, alors il faut les
considérer avec sérieux car il s’agit là des pensées de la Bible, de l’Esprit
de Dieu.
Lors de la Rencontre mondiale des familles à Philadelphie, vous avez
parlé des menaces à l’intérieur de l’Église dans votre allocution intitulée :
« La lumière de la famille dans un monde sombre ».
Il s’agit là de ne pas séparer la doctrine de la pratique pastorale : sous
prétexte d’un accompagnement pastoral, on ne peut abandonner la doctrine. Pour
les divorcés remariés par exemple, cela signifie qu’ils ne peuvent pas recevoir
la Communion car Dieu a dit qu’il ne pouvait y avoir qu’un seul mariage. On ne
peut guérir quelqu’un sans le réconcilier avec Dieu.
Certains prélats avancent que cela représenterait pourtant un acte de
compassion.
Qui dit compassion, dit repentance. Si j’ai mal agi, je dois m’affranchir du
mal pour me repentir. C’est ça la vraie compassion. Prenons l’histoire
Zachée, collecteur d’impôts pour les romains. Lorsqu’il apprend la venue de
Jésus, il fait preuve d’une grande humilité et grimpe sur un arbre pour
l’apercevoir. Zachée est un pécheur, mais Jésus veut aller chez lui car Il sait
qu’il s’est repenti : Zachée cesse de voler et en répare ses exactions au
quadruple. C’est cela la compassion.
On peut dire que cet arbre, c’est l’arbre de la croix, celui qui détruit les péchés. Zachée cherchait un Sauveur. Ici, on peut établir un lien avec la Communion. Il nous faut d’abord nous repentir, avant que le Seigneur n’entre en nous. Dieu et le péché ne peuvent aller ensemble. N’y voyez là aucune sévérité : il s’agit uniquement d’aider en apportant une véritable guérison. Si une personne est blessée, la pommade seule ne suffira pas, il faut guérir cette personne.
Qu’en est-il d’une personne qui recevrait la Communion en ayant commis
un grave péché ?
Saint Paul nous dit que, ce faisant, une telle personne mange son propre
jugement. Nous sommes tous des pécheurs, mais nous allons nous confesser
car nous ne voulons pas vivre dans le péché. Le mariage est quelque chose de
fermement établi. Si je me suis remarié, et que je le reste à vie, alors c’est
un péché fermement établi. Je ne peux donc prétendre à recevoir la Communion.
Propos recueillis par Diane Montagna, correspondante à Rome pour Aleteia