LETTRES CINQUIÈME
LETTRE V (1)
Nébride plaint saint Augustin de ce que les affaires de ses concitoyens le détournent trop de la contemplation.
NÉBRIDE A AUGUSTIN.
1. Est‑il donc vrai, mon cher Augustin, que les affaires des particuliers prennent toutes vos forces, toute votre patience, sans que vous puissiez revenir à ce loisir et à cette douce retraite que vous désirez tant? Quels sont, je vous le demande, ceux pour lesquels vous avez la bonté d'y renoncer ainsi? Des gens qui ne savent pas ce que vous aimez, ce que vous désirez. N'est‑il donc aucun de vos amis qui puisse leur apprendre ce qui fait l'objet de toutes vos aspirations? Quoi ! ni Romanien ? ni Lucinien ne sauraient le faire? Ah ! s'ils pouvaient m'entendre, je leur crierais et je leur attesterais que vous n'aimez que Dieu, que c'est Dieu seul que vous voulez servir, à qui vous voulez vous attacher! Ah! si je pouvais vous attirer à ma maison de campagne, et vous y faire goûter quelque repos, je ne craindrais pas de passer pour un ravisseur près de ces concitoyens que vous aimez trop, et dont vous êtes trop aimé !
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(1) Ecrite vers la fin de l'année 388. ‑ C'était la 114e dans les éditions antérieures à l'édition des Bénédictins et celle qui était la 5e se trouve maintenant la 138e.
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