La Cité de Dieu 70

tome 24 p. 358

 

LIVRE DIX‑SEPTIÈME

 

Dans ce livre sont développés les progrès de la Cité de Dieu, du temps des rois et des prophètes, depuis Samuel et David jusqu'à Jésus‑Christ. Le saint expose les prophéties faites du temps des rois, contenues dans les psaumes et les livres de Salomon, au sujet du Christ et de son Église.

 

CHAPITRE PREMIER.

 

Des temps prophétiques.

 

  La Cité de Dieu, se développant dans le cours des siècles , nous montrera comment se sont accomplies les promesses divines faites à Abra­ham, dont la race devait comprendre, aussi en vertu d'une promesse, et le peuple d'Israël selon la chair et toutes les nations selon la foi. Et puisque nous avons terminé le livre précédent au règne de David, examinons maintenant, au­tant que le comporte cet ouvrage, ce qui s'est passé depuis ce règne. Or, tout le temps écoulé depuis les premières prophéties du juste Sa­muel, jusqu'à la captivité du peuple d'Israël à Babylone, et même jusqu'au retour des Israéli­tes pour la reconstruction du temple de Dieu, c'est‑à‑dire soixante‑dix ans après, suivant la prédiction de saint Jérémie (Jérem. xxv, 11); tout ce temps est le temps des prophètes. Car, bien que le patriarche Noé, témoin de la destruction du genre humain par le déluge universel, ainsi que d'autres, avant et après lui, jusqu'à l'époque où le peuple de Dieu commença à être gouverné par des rois, méritent très‑bien le nom de Prophètes, à cause des événements futurs qu'ils ont prédits ou figurés d'une certaine manière, événements qui se rapportent à la Cité de Dieu et au royaume des cieux; bien même que plusieurs d'entre eux, ainsi Abraham (Gen. xx, 7), ainsi Moïse (Deut. xxxiv, 10), soient formellement appelés Prophètes; toutefois, à proprement parler, l'époque prophétique ne commence qu'à Samuel qui, sur l'ordre de Dieu, sacra roi Saül d'abord (I. Rois, x, 1), et après sa réprobation David lui‑même (I. Rois, xvi, 13), dont la postérité occupa le trône successivement,

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aussi longtemps qu'il fut nécessaire. Mais vouloir rapporter tout ce que les Prophètes ont prédit touchant le Christ, dans le cours de ces siècles que traverse la Cité de Dieu, dont les nouveaux membres viennent réparer les ravages de la mort, ce serait là un immense travail. Parce que d'abord, l'Écriture qui classe dans leur ordre les rois avec les faits et évènements de leurs règnes, semble ne mettre tous ses soins qu'à l'exactitude historique de sa narration; cependant, si, avec l'aide de Dieu, on examine attentivement son récit, on s'aperçoit qu'elle s'applique davantage, ou du moins autant à prédire l'avenir qu'à raconter le passé. Et alors, qui ne voit, avec un peu de réflexion, combien ces recherches minutieuses et ces démonstrations seraient pénibles et étendues et que de choses feraient encore défaut, tout en multipliant les volumes? Ensuite, parce que les prophéties certaines touchant le Christ, et le royaume des cieux, qui est la Cité de Dieu, sont si nombreuses que les explications nécessaires pour les faire connaître, dépasseraient de beaucoup les bornes de cet ouvrage. Aussi, selon mon pouvoir, je réglerai tellement mes paroles, qu'en poursuivant mon ceuvre avec l'aide de Dieu, j'éviterai le superflu, sans omettre le nécessaire.

 

CHAPITRE Il.

 

En quel temps s'accomplit la promesse de Dieu touchant la terre de Chanaan, qui fut l'héritage même des Israélites charnels.

 

Au livre précédent nous avons dit que, dès le commencement, les promesses de Dieu à Abraham avaient deux objets; l'un, que sa postérité aurait pour héritage la terre de Chanaan ; et c'est ce que signifient ces paroles : « Va dans la terre que je te montrerai, et je te ferai le père d'une grande nation : (Gen. xii, 1) l'autre, beaucoup plus excellent, où il s'agit de la postérité spirituelle et non charnelle; c'est par celle‑là qu'Abraham est le père, non‑seulement du peuple d'Israël, mais de toutes les nations qui, suivant ses traces, imitèrent sa foi; et c'est ce qui est promis déjà par ces paroles : « En toi seront bénis tous les peuples de la terre. » (Gen. xii, 3.) Nous avons montré ensuite que ces deux promesses avaient été réitérées et confirmées plusieurs autres fois. La postérité d'Abraham, c'est‑à‑dire le peuple d'Israël, se-

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lon la chair était donc déjà en possession de la terre promise; et là, non‑seulement elle était entrée en jouissance des villes ennemies, mais elle avait ses rois qui la gouvernaient. Ainsi dès lors étaient réalisées en grande partie, les promesses de Dieu par rapport à son peuple; et celles qui avaient été faites aux trois Patriarches, Abraham, Isaac et Jacob, ainsi que toutes les autres de la même époque; et de plus les promesses faites à Moïse, qui délivra ce peuple de la servitude d'Égypte, et qui reçut toutes les révélations du passé, lorsqu'il conduisait ce même peuple à travers le désert. Toutefois, ce ne fut ni sous l'illustre Jésus Navé qui, après avoir vaincu les nations ennemies et introduit le peuple dans la terre promise, en fit le partage, selon l'ordre de Dieu, entre les douze tribus et mourut; ni sous les juges qui lui succédèrent, que fut accomplie la promesse de Dieu touchant la terre de Chanaan, c'est‑à‑dire le territoire renfermé entre le fleuve d'Égypte et le grand fleuve de l'Euphrate. Il ne s'agissait plus alors de prophéties pour l'avenir, mais on attendait l'accomplissement de la promesse qui eut lieu sous David et Salomon, son fils, dont les états s'agrandirent comme il avait été promis, car ils soumirent à leur domination et rendirent tributaires toutes ces nations. (III. Rois, Iv, 21.) Ce fut donc sous les rois que la postérité d'Abraham fut si bien établie dans la terre de la promesse charnelle, c'est‑à‑dire dans la terre de Chanaan, qu'il ne manqua plus rien à l'accomplissement de cette promesse; si ce n'est que la nation juive, par la fidèle observation des lois du Seigneur, son Dieu, put conserver cette prospérité terrestre, dans ses descendants, jusqu'à la fin de ce siècle périssable. Mais Dieu qui savait bien qu'il n'en serait point ainsi, se servit des châtiments temporels pour éprouver le petit nombre de ceux qui demeurèrent fidèles, et pour l'instruction de ceux qui devaient l'être dans la suite ; instruction nécessaire à tous les peuples, au sein desquels, sous la révélation du Testament Nouveau, devait s'accomplir l'autre promesse, par l'incarnation du Christ.

 

CHAPITRE 111.

 

De la triple signification des prophéties qui se rapportent tantôt à la Jérusalem de la terre, tantôt à celle du ciel, et d'autres fois à l'une et à l'autre Cité.

 

1. Ainsi donc, selon les divins oracles rendus à Abraham, Isaac et Jacob, et toutes les autres

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figures ou paroles prophétiques rapportées par les saintes lettres dans les âges précédents; depuis les rois, les autres prophéties ont aussi rapport, en partie, à la postérité charnelle d'Abraham, et en partie à cette postérité en qui sont bénis tous les peuples, cohéritiers du Christ par le Testament Nouveau, pour posséder la vie éternelle et le royaume des cieux. Les premières s'appliquent à la servante, qui engendre dans la servitude, c'est‑à‑dire à la Jérusalem terrestre, esclave avec ses enfants; les secondes, à la Cité libre, c'est‑à‑dire la véritable Jérusalem, Cité éternelle des cieux, dont les enfants qui vivent selon Dieu, sont étrangers sur la terre; mais il en est quelques‑unes qui s'appliquent à l'une et à l'autre, à la servante directement et figurativement à la Cité

 

2. Il y aurait donc trois classes de prophéties : les unes se rapportant à la Jérusalem terrestre, les autres à la Jérusalem céleste et quelques-unes à toutes les deux. Mais il me semble bon de prouver ce que j'avance par des exemples. Le prophète Nathan est envoyé à David pour lui reprocher l'énormité de son crime, et lui annoncer d'avance les malheurs qui en seront le châtiment. (Il. Rois, xii, 1.) Or, cet avertissement du ciel, ou d'autres semblables qui révèlent les secrets de l'avenir dans le domaine de la vie du temps, soit qu'ils servent à l'intérêt du peuple, en général, soit à l'utilité particulière d'un individu, ne concernent‑ils pas la Cité terrestre ? Personne n'en doute. Mais, quand nous lisons ces paroles : « Voici venir le temps, dit le Seigneur, où je ferai une alliance nouvelle avec la maison d'Israël et la maison de Juda, mais une alliance différente de celle que j'ai contractée avec leurs pères, lorsque je les pris par la main pour les faire sortir de la terre d'Égypte : parce qu'ils n'ont pas gardé mon alliance, je les ai abandonnés. Mais voici l'alliance que je ferai avec la maison d'Israël : Après ces temps, dit le Seigneur, j'imprimerai mes lois dans leur esprit et je les graverai dans leur coeur; je les regarderai et je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. » (Jérém. xxxi, 31 etc.) Il s'agit évidemment ici de la Jérusalem céleste où Dieu lui‑même est la récompense de ses élus, où la possession de Dieu, l'union avec lui, est le seul et souverain bien. Mais il s'agit de l'une et de l'autre dans ce passage de l'Écriture où Jérusalem est appelée la Cité de Dieu et où on y annonce la future maison de Dieu, prophétie qui parait s'accomplir,

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quand le roi Salomon eût fait canstruire ce temple fameux. (111. Rois, vi.) Car cet oracle se réalisa, d'après l'histoire, dans la Jérusalem terrestre et figurait la Jérusalem du ciel. Ce genre de prophéties où les deux sens se trouvent, pour ainsi dire, réunis et mélangés, est très‑employé dans les anciens livres canoniques qui rapportent historiquement les faits; il a exercé et exerce encore beaucoup le génie des commentateurs de la Sainte‑Écriture. Ils recherchent les significations allégoriques des prédictions que l'histoire rapporte et de leur accomplissement dans la postérité d'Abraham selon la chair, pour les appliquer à ce qui doit s'accomplir dans cette même postérité selon la foi. Plusieurs sont même persuadés que, dans ces livres, il n'y a aucune prédiction, ni aucun événement, quand il ne serait pas prédit, qui ne soit susceptible d'une interprétation figurée et qu'on ne doive rapporter, en quelque manière, à la Cité éternelle de Dieu et à ses enfants, étrangers en cette vie. Mais s'il en est ainsi, les oracles rendus par les prophètes ou plutôt par toutes les pages de la Sainte‑Écriture, dans ce qui est appelé l'Ancien Testament, doivent être divisés en deux classes, au lieu de trois. En effet, il n'y aura plus rien qui se rapporte à la seule Jérusalem terrestre, puisque tout ce qui est prédit et accompli à son sujet, est une figure et se rapporte allégoriquement à la céleste Jérusalem; ainsi il n'y aura que deux classes de prophéties : l'une qui se rapporte à la Jérusalem libre et l'autre à toutes les deux. Pour moi, de même que ceux‑là me paraissent se tromper beaucoup, qui ne voient, dans les récits historiques des Saintes‑Écritures, rien autre chose que le sens naturel; ainsi je regarde comme trop hardis ceux qui prétendent que tout y est voilé par le sens allégorique. C'est pourquoi j'ai parlé de trois classes de prophéties et non de deux seulement. Telle est ma pensée; cependant, je ne blâme point ceux qui, de n'importe quel évènement, peuvent faire ressortir un sens spirituel, pourvu qu'ils conservent tout d'abord la vérité de l'histoire. Quant à ce qui ne se rapporte ni à l'action de l'homme, ni à celle de Dieu, dans le présent, ou l'avenir, quel fidèle pourrait croire qu'il n'y a là que de pures fictions? Qui ne s'efforcera de donner à ces passages un sens spirituel; ou, s'il ne le peut, qui n'avouera qu'ils peuvent recevoir cette interprétation de celui qui en est capable ?

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CHAPITRE IV.

 

Ce que figurait le changement survenu dans le royaume et le sacerdoce d'Israël; et de la prophétie d'Anne, mère de Samuel, représentant l’Eglise.

 

4. Suivant le cours des siècles, la Cité de Dieu était donc arrivée aux temps des rois, lorsque, par la réprobation de Saül, David fut élevé sur le trône (l. Rois, xvi), que ses descendants conservèrent pendant une longue suite d'années, en gouvernant la Jérusalem terrestre : cet évènement annoncé d'avance et que nous ne saurions laisser passer inaperçu, était la figure d'un autre changement dans l'avenir; il a rapport aux deux Testaments, l'ancien et le nouveau; il est l'image du sacerdoce et de la royauté changés par celui qui est en même temps prêtre et roi, avec sa majesté nouvelle et éternelle, Jésus‑Christ. Car Samuel substitué pour le ministère divin à Héli, prêtre réprouvé, Samuël investi tout à la fois des fonctions de prêtre et de juge, et David établi sur le trône, à la place de Saül rejeté, figuraient ce que je dis. Aussi la mère même de Samuel, Anne qui était stérile et qui éprouva tant de joie de sa fécondité tardive, ne paraît pas occupée à prophétiser autre chose, quand toute ravie, elle exprime sa reconnaissance au Seigneur, en venant lui offrir son jeune fils, avec la même piété qui l'animait lorsqu'elle le lui consacra. Voici ses paroles : « Mon cœur s'est affermi dans la puissance du Seigneur et ma gloire s'est relevée dans le secours de mon Dieu; ma bouche s'est ouverte pour confondre mes ennemis et je me suis réjouie dans votre salut. Car personne n'est saint comme le Seigneur, et personne n'est juste comme notre Dieu; il n'y a de saint que vous. Cessez donc de vous glorifier dans votre orgueil et de parler avec hauteur, qu'aucune parole superbe ne sorte de votre bouche. Car le Seigneur est le Dieu de toute science et il dispose l'exécution de ses plus secrets desseins. L'arc des forts s'est amolli et les faibles ont été revêtus de force. Ceux qui ont du pain en abondance, sont devenus languissants et les affamés n'ont fait qu'effleurer la terre. Celle qui était stérile a donné le jour à sept enfants et celle qui avait beaucoup d'enfants est tombée dans la défaillance. C'est le Seigneur qui donne la mort et qui rend la vie; qui conduit aux enfers et qui en retire. Le Seigneur fait le pauvre et le riche ; il abaisse et il élève. Il relève de terre le pauvre et le misérable du fumier, pour le

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placer au rang des princes du peuple et lui donner en héritage un trône de gloire; il donne à celui qui fait un vœu le courage de l'accomplir et il bénit les années du juste, parce que l'homme n'est pas fort par sa propre force. Le Seigneur rendra débile son ennemi, lui seul est le Seigneur saint. (Jér. ix.) Que le sage ne se glorifie pas dans sa sagesse, ni le puissant dans sa puissance, ni le riche dans ses riches­ses; mais que celui qui se glorifie, se glorifie de connaître le Seigneur et de discerner ses voies; de rendre des jugements et d'établir la justice sur la terre. Le Seigneur est monté dans les cieux et a fait entendre son tonnerre: il jugera lui‑même toute la terre, car il est juste; il donne la force à nos rois et il relèvera la gloire et la puissance de son Christ. » (I. Rois, 11, 1 etc.)

 

2. Est‑ce qu'on s'imaginera jamais que ces paroles sont celles d'une pauvre femme qui rend grâce à Dieu de la naissance de son fils? Et l'esprit de l'homme serait‑il assez ennemi de la vérité, pour ne pas voir qu'une femme est incapable de prononcer un tel discours? Quant à celui qui apporte une certaine attention à ces paroles dont la réalisation est déjà commencée ici‑bas, est‑ce qu'il ne remarque pas, est‑ce qu'il ne voit pas, est‑ce qu'il ne reconnaît pas que cette femme dont le nom,Anne, signifie grâce, annonce la religion chrétienne, la Cité même de Dieu, dont le Christ est le fondateur et le roi; qu'enfin c'est la grâce de Dieu qui parle par sa bouche, sous l'inspiration de l'Esprit‑Saint, grâce dont les superbes se détournent pour se perdre et dont les humbles se remplissent pour se relever, car c'est là ce qui ressort surtout de ce cantique? A moins qu'on ne prétende que cette femme n'a nullement prophétisé, qu'elle a seulement glorifié Dieu, dans un discours plein d'allégresse, d'avoir accordé à sa prière le fils qu'elle désirait. Mais alors, que veulent dire ces paroles : « L'arc des forts s'est amolli et les faibles ont été revêtus de force : ceux qui ont du pain en abondance, sont devenus languissants et les affamés n'ont fait qu'effleurer la terre : celle qui était stérile a donné le jour à sept enfants et celle qui avait beaucoup d'enfants est tombée dans la défaillance? »Cette femme avait-elle sept enfants, malgré sa stérilité? Elle n'en avait qu'un, lorsqu'elle parlait ainsi; et elle n'en eut pas sept plus tard, ou six, sans compter Samuel qui ferait le septième; mais cinq seulement, trois garçons et deux filles. De plus, comme il n'y avait point encore de rois en Israël, pourquoi dire à la fin: « Il donne la

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force à nos rois et il relèvera la gloire et la puissance de son Christ? Que signifient ces paroles, si elle ne prophétisait pas? »

 

3. Qu'elle parle aussi de l'Église du Christ, la Cité du grand Roi, dans la plénitude de sa grâce et son admirable fécondité; qu'elle dise ce qui a été prophétisé d'elle si longtemps à l'avance par la bouche de cette pieuse mère; elle se reconnait bien ici : « Mon cœur s'est affermi dans la puissance du Seigneur et ma gloire s'est relevée dans le secours de mon Dieu. » Son cœur, en effet, a été affermi et sa gloire a été vraiment relevée, parce qu'elle ne s'est pas confiée en elle‑même, mais dans le Seigneur son Dieu . « Ma bouche s'est ouverte pour confondre mes ennemis » car la parole de Dieu n'est pas restée captive an milieu des horreurs de la persécution, ni dans la bouche de ses hérauts chargés de chaînes. « Je me suis réjouie, ajoute‑t‑elle, de votre salut. » Ce salut c'est Jésus‑Christ, celui que le vieillard Siméon, comme nous le lisons dans l'Évangile, embrasse petit enfant, tout en reconnaissant sa Majesté : « Maintenant, dit‑il, vous laisserez, Seigneur, votre serviteur se reposer en paix, puisque mes yeux ont vu votre salut. » (Luc, 11, 29 et 30.) Que l’Eglise donc s'écrie : « Je me suis réjouie de votre salut, car personne n'est saint comme le Seigneur; et personne n'est juste, comme notre Dieu, » parce qu'il est saint et l'auteur de toute sainteté; juste et le principe de la justification. « Peut‑il y avoir d'autre saint que vous? » puisque personne n'est saint que par vous. Enfin elle poursuit : « Cessez de vous glorifier dans votre orgueil et de parler avec hauteur ; qu'aucune parole superbe ne sorte de votre bouche, parce que le Seigneur est le Dieu des sciences. » Il vous connait et il sait ce que persorne ne sait, car « celui qui pense être quelque chose, bien qu'il ne soit rien, celui‑là se trompe lui‑même. » (Gal. vi, 3.) Ces raroles regardent les ennemis de la Cité de Dieu, citoyens de Babylone, qui présument de leur propre force, qui se glorifient en eux‑mêmes et non dans le Seigneur; ils sont aussi de ce nombre, les Israélites charnels, citoyens terrestres de la terrestre Jérusalem, dont l'Apôtre dit . « qu'ils ignorent la justice de Dieu, » (Rom. x, 3) c'est‑à‑dire cette justice que Dieu, le seul juste et l'auteur de toute justice, donne à l'homme ; « qu'ils veulent établir la leur, » c'est‑à‑dire comme l'ayant acquise par eux-mêmes et ne le tenant point de lui; « qu'ils ne sont point soumis à la justice de Dieu, » parce qu'ils sont superbes et qu'ils s'imaginent à cause de leurs propres mérites sans retour vers Dieu, pouvoir plaire à celui qui est le Dieu des sciences et par conséquent l'arbitre des consciences, lui qui voit combien les pensées des hommes sont vaines (Ps. xciii, 11), s'il

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ne les inspire pas, si elles sont purement humaines. « Il prépare, dit‑elle encore, l'exécution de ses plus secrets desseins. » De quels desseins s'agit‑il, sinon de la chute des superbes et de l'élévation des humbles? Et ces desseins, il les met de suite à exécution : « L'arc des forts s'est amolli et les faibles ont été revêtus de force. ) L'arc s'est amolli, c'est‑à‑dire la volonté de ceux qui se croyaient assez forts par eux‑mêmes pour accomplir, sans la grâce et le secours de Dieu, ses commandements; et ils ont été revêtus de force, ceux qui, du fond du cœur, disent à Dieu : « Ayez pitié de moi, Seigneur , parce que je suis faible. » (Psaume, VI, 3.)

 

4. « Ceux qui ont du pain en abondance, » continue‑t‑elle,«sont devenus languissants et les affamés n'ont fait qu'effleurer la terre.» Qui sont ceux qui ont du pain en abondance, sinon ceux qui ressemblent aux forts, c'est à‑dire les Israélites auxquels Dieu avait confié ses oracles? (Rom. 111, 2.) Mais parmi eux, les enfants de la servante sont déchus; le mot dont je me sers est peu latin, il est vrai, il exprime bien cependant, la condition inférieure de ceux qui étaient plus élevés. Et il en a été ainsi, parce que dans ces pains, c'est‑à‑dire dans la Sainte‑Écriture, qui est la parole de Dieu, les Israélites, bien qu'ils fussent les seuls à la posséder alors, ne recherchaient, ne goûtaient que ce qui est terrestre. Les gentils, au contraire, n'avaient pas reçu la loi, mais quand, par le nouveau Testament, ils entrèrent en jouissance de ces oracles, eux qui étaient affamés, ne firent qu'effleurer la terre, dédaignant la nourriture matérielle, et s'appliquant à savourer l'aliment céleste. Et comme si l'on eût demandé la cause de ce fait, elle dit : « parce que celle qui était stérile a mis au monde sept enfants et celle qui avait beaucoup d'enfants est tombée dans la défailllance. » Toute la prophétie se dévoile ici clairement pour ceux qui savent que le nombre sept signifie la perfection de l'Église universelle. Aussi l'Apôtre saint Jean écrit à sept Églises , faisant voir par ce nombre qu'il s'adresse à l'Église tout entière (Apoc. 1, 4); et dans les proverbes de Salomon, longtemps à l'avance, nous lisons l'annonce de ce mystère dans ces paroles : « La Sagesse s'est bâtie une maison et l'a appuyée sur sept colonnes. » (Prov. ix, 1.) Car la Cité de Dieu était stérile dans toutes les nations, avant cette fécondité dont nous sommes les témoins. Nous voyons aussi la terrestre Jérusalem, autrefois si féconde, maintenant tout à fait débile, parce que les enfants de la femme libre qui étaient dans son sein, faisaient toute sa force; mais à présent qu'elle a la lettre seule, sans l'esprit,

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elle a perdu sa vigueur, elles est dans la débilité.

 

5. « C'est le Seigneur qui donne la mort et qui rend la vie : » il a donné la mort à celle qui avait un grand nombre d'enfants; et il a rendu la vie à celle qui était stérile, puisqu'elle a enfanté sept enfants; bien que l'on puisse mieux encore appliquer ces paroles de vie à ceux mêmes auxquels il avait donné la mort; car il y a ici une répétition qui paraît favoriser ce sens : « Il conduit aux enfers et en retire. » Car, ceux dont l'Apôtre dit : « Si vous êtes morts avec le Christ, cherchez les choses du ciel où est le Christ, assis à la droite de Dieu; » (Col. 111, 1) ceux‑là ont été mis à mort par le Seigneur, pour leur salut, et c'est pour eux que l'Apôtre ajoute : « Goûtez les choses du ciel et non celles de la terre; » afin qu'ils soient eux‑mêmes ces affamés qui effleurent seulement la terre. « Car vous êtes morts, » dit l'Apôtre; et voici comment Dieu fait mourir pour sauver. « Et votre vie, » ajoute‑t‑il, « est cachée en Dieu avec le Christ; » et voici comment, à ceux‑là mêmes, Dieu rend la vie. Mais ceux qu'il conduit aux enfers et qu'il en retire, seraient‑ils aussi les mêmes? Les fidèles s'accordent parfaitement à voir ce double effet s'accomplir, surtout en celui qui est notre chef, avec lequel, comme parle l'Apôtre, notre vie est cachée en Dieu. En effet, puisque « Dieu n'a pas épargné son propre fils, mais l'a livré pour nous tous, » (Rom. viii, 32) c'est certainement de cette manière qu'il l'a fait mourir. Et comme il l'a ressuscité d'entre les morts, c'est aussi au même Fils qu'il a rendu la vie. Et c'est bien le même qu'il a conduit aux enfers et qu'il en a retiré, car nous reconnaissons sa voix dans ces paroles prophétiques : « Vous ne laisserez point mon âme dans l'enfer. » (Ps. xv, 10.) Nous avons été enrichis par sa pauvreté; car, « le Seigneur fait le pauvre et le riche. » Et pour bien comprendre ces paroles, écoutons les suivantes: « il abaisse et il élève; » certainement, il abaisse les superbes et il élève les humbles. En effet, C'est ce que nous lisons dans un autre endroit : « Dieu résiste aux superbes, mais il donne sa grâce aux humbles. » (Jacq., iv, 6.) Et voilà en quoi se résume tout le discours de cette femme dont le nom signifie grâce.

 

6. Je ne pense pas que ces autres paroles : «Il relève de terre le pauvre, » puissent mieux s'appliquer qu'à celui qui, malgré sa richesse, s'est fait pauvre à cause de nous, « afin, » comme je viens de le dire, « de nous enrichir par sa pauvreté. » (11. Cor. viii, 9.) Car il ne l'a relevé sitôt de terre que pour préserver sa chair de la corruption. (Ps. xv, 10.) Je lui attribuerai de même ce qui suit : « Il relève aussi le misérable

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du fumier. » En effet, misérable et pauvre sont synonimes. Et ce fumier dont il a été relevé, s'entend très‑bien des juifs, ses persécuteurs, au nombre desquels se place l'Apôtre, pour avoir poursuivi l'Église de sa haine; «ce que, » dit‑il, ((je considérais comme un gain, je l'a regardé comme une perte à cause du Christ; et non‑seulement comme une perte, mais même comme du fumier, afin que le Christ soit mon gain. » (Philipp. 111, 7 et 8.) C'est donc de terre qu'a été relevé ce pauvre, pour être placé au-dessus de tous les riches; et ce misérable a été relevé de son fumier, au‑dessus de tous les opulents, « pour être placé au rang des princes du peuple, » auxquels il adresse ces paroles : «Vous serez assis sur douze trônes. (Matth. xix, 28.) Et il lui donne pour héritage un trône de gloire. » Car, ces puissants lui avaient dit : « Voici que nous avons tout quitté pour vous suivre : » (Matth. xix, 27) ils étaient donc bien puissants pour faire un pareil vœu.

 

7. Mais, d'où leur est venue la force de remplir leurs engagements, sinon de celui dont il est dit ici : « il donne à celui qui a fait un voeu le courage de l'accomplir? » Autrement, ils seraient de ces puissants dont l'arc s'est amolli. « Il donne, » dit la prophétesse, « à celui qui fait un vœu le courage de l'accomplir. » Car, personne ne pourrait faire un vœu agréable au Seigneur, sans recevoir de lui ce qui est nécessaire à l'accomplissement de ce vœu. « Il bénit, » ajoute‑t‑elle, « les années du juste, » afin sans doute, qu'il vive à jamais avec celui dont il est dit : Et vos années ne finiront point. » (Ps, ci, 28.) Là, en effet, les années demeurent, ici, au contraire, elles passent, ou plutôt elles périssent; car, avant qu'elles viennent, elles ne sont pas encore; quand elles sont venues, elles ne sont déjà plus, puisqu'elles viennent pour finir. Des deux choses exprimées ici : «Il donne à celui qui fait un voeu le courage de l'accomplir : il bénit les années du juste,)) l'une est notre oeuvre, l'autre nous est accordée. Mais nous ne recevons pas celle‑ci de la bonté de Dieu, à moins d'avoir accompli l'autre avec son secours, « parce que l'homme n'est pas fort par sa propre force. Le Seigneur rendra débile son ennemi, » c'est‑à‑dire celui qui porte envie à son semblable, à cause du vœu qu'il a fait, et qui voudrait l'empêcher de l'accomplir : mais, par suite de l'ambiguité de l'expression grecque, ou peut entendre aussi par son ennemi, l'ennemi de Dieu. Car, lorsque nous sommes au Seigneur, notre ennemi devient le sien et nous en triomphons, mais non par nos propres forces, « parce que l'homme n'est pas fort par lui-

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même. Le Seigneur donc, rendra débile son ennemi, lui qui est le Seigneur Saint, » afin que cet ennemi soit vaincu par ceux que le Seigneur, le Saint des saints, a sanctifiés.

 

8. Aussi, « que le sage ne se glorifie pas dans sa sagesse, ni le puissant dans sa puissance, ni le riche dans ses richesses; mais que celui qui se veut glorifier, se glorifie de connaître le Seigneur et de discerner ses voies, de rendre des jugements et d'établir la justice au milieu de la terre. » Ce n'est pas peu connaître le Seigneur que de savoir et de discerner que cette connaissance est un don de Dieu. « Qu'avez‑vous, » dit l'Apôtre, « que vous n'ayez reçu? Et si vous l'avez reçu, pourquoi vous glorifier, comme si vous ne l'aviez point reçu? » (I. Cor. iv, 7.) C'est‑à‑dire en vous glorifiant, comme si vous ne le deviez qu'à vous‑même. Or, celui qui rend la justice avec droiture, a une bonne vie et celui qui a une bonne vie, observe les commandements de Dieu; « et le but du précepte, » c'est‑à‑dire sa raison d'être, « sa fin, c'est la charité qui naît d'un cœur pur, de la bonne conscience et de la foi sincère. » (I. Tim. 1, 5.) Or, cette « charité, » comme l'atteste l'apôtre saint Jean, « vient de Dieu. » (I. Jean, iv, 7.) Donc, rendre la justice avec droiture, vient de Dieu. Mais que signifient ces autres paroles : (( au milieu de la terre? » Ceux qui habitent aux extrémités de la terre, seraient‑ils dispensés d'être justes et droits? Qui oserait tenir ce langage? Pourquoi donc ajouter: « au milieu de la terre? » Si on n'eût pas ajouté ces mots et qu'on eût dit seulement : « agir avec droiture et pratiquer la justice, » ce précepte concernerait plutôt tous les hommes ceux qui habitent le milieu des terres et ceux qui habitent les côtes. Mais, pour qu'on ne pût penser qu'au-delà de cette vie passée avec le corps, il restait le temps de pratiquer la justice qui n'a pas été accomplie sur terre, et qu'ainsi il serait possible d'échapper aux jugements de Dieu, il est dit : « au milieu de la terre, » paroles qui signifient, selon moi : tant que l'on vit avec ce corps. En effet, dans cette vie, chacun porte sa terre avec lui, et à la mort, la terre commune reçoit la terre humaine qu'elle rendra à la résurrection de l'homme. Ainsi, « au milieu de la terre, » c'est‑à‑dire tandis que notre âme est enfermée dans ce corps terrestre, il faut agir avec droiture et pratiquer la justice, pour notre avantage futur, « quand chacun recevra selon qu'il aura agi par le moyen de son corps, soit le bien, soit le mal. » (II. Cor. V, 10.) « Par le moyen de son corps, » l'Apôtre entend ici le temps qu'il aura vécu avec son corps. Car, si quelqu'un était animé d'intentions perverses et livré à des pensées impies, mais sans proférer de blasphèmes, ni se servir d'aucun de ses membres pour faire le mal, il ne serait donc

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pas coupable, parce que nul mouvement de son corps n'a coopéré à ses pensées mauvaises qui ont eu lieu, alors même qu'il était uni à son corps. On peut bien encore entendre de la même manière, ce que nous lisons dans les psaumes : « Dieu, notre roi avant tous les siècles, a opéré notre salut au milieu de la terre : » (Ps. LXXIII, 12) car le Seigneur Jésus qui est notre Dieu avant tous les siècles, puisque les siècles ont été faits par lui, a opéré notre salut au milieu de la terre, quand le Verbe s'est fait chair (Jean, 1, 14) et qu'il a fait sa demeure dans un corps terrestre.

 

9. Après avoir montré dans ces paroles prophétiques, comment doit se glorifier, celui qui se glorifie, non en lui‑même, mais dans le Seigneur; Anne parle du compte futur que l'on doit rendre au jour du jugement : « Le Seigneur, » dit‑elle, « est monté dans les cieux, et il a fait entendre son tonnerre; il jugera lui-même les extrémités de la terre, car il est juste. » Elle suit absolument l'ordre établi dans le symbole de la foi des fidèles. En effet, le Seigneur Jésus est monté au ciel, d'où il viendra pour juger les vivants et les morts. Car, suivant l'Apôtre, « qui est monté, sinon celui qui est descendu jusque dans les profondeurs de la terre? Et celui qui est descendu, est monté aussi au plus haut des cieux, afin d'accomplir toutes choses. » (Ephes. IV, 9 et 10.) Et il a fait enten­dre son tonnerre au milieu des nuées, qu'il a remplies de l'Esprit Saint, après son Ascension. C'est en parlant de ces nuées, qu'il menace, par le prophète Ésaü, la Jérusalem esclave, c'est‑à­-dire la vigne ingrate, de ne point laisser tomber de pluie sur elle. (Isaï, V, 6.) « Il jugera lui-même, » dit‑elle encore, « les extrémités de la terre, » c'est‑à‑dire même les extrémités de la terre. Car cela ne voudrait pas dire qu'il ne jugera point les autres parties, lui qui certaine­ment doit juger tous les hommes. Mais il serait mieux d'entendre par les extrémités de la terre, les derniers moments de la vie de l'homme; car il ne sera pas jugé sur la conduite plus ou moins bonne qu'il aura tenue dans le cours de sa vie, mais sur l'état où il se trouvera à ses derniers moments. C'est pour cela qu'il est écrit : « Celui qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé. » (Matth. x, 22.) Donc, celui qui constamment aura agi avec droiture et pratiqué la justice au milieu de la terre, ne sera point condamné, quand les extrémités de la terre seront jugées. Et il donne aussi la force à nos rois, afin qu’ils ne subissent point la condamnation à son juge­ment. Il leur donne la force de gouverner leur chair en vrais dominateurs, et de vaincre le monde par la grâce de celui qui a répandu son sang pour eux. « Et il relèvera la gloire et la

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la puissance de son Christ. » Comment le Christ relèvera‑t‑il la puissance de son Christ? Car, il a été dit plus haut: «Le Seigneur est monté dans les cieux, » et nous avons appliqué ces paroles au Seigneur Jésus‑Christ; et c'est bien du même Christ dont il est dit ici : « Il relèvera la gloire et la puissance de son Christ. )) Quel est donc le Christ de son Christ? Est‑ce qu'il relèvera la gloire et la puissance de chacun de ses fidèles, comme au commencement de ce cantique, la prophétesse elle‑même l'a proclamé à son sujet : « Ma gloire, » a‑t‑elle dit, « s'est relevée par le secours de mon Dieu?» En effet, nous tous, qui avons reçu l'onction sainte du Chrême, nous pouvons bien être appelés Christs, cependant, tout le corps uni à son chef, ne forme qu'un seul et même Christ. Telle est la prophétie d'Anne, mère de Samuel, homme juste et très‑digne de louanges. En lui, était alors figuré le changement de l'ancien sacerdoce, et cette figure est maintenant accomplie par les défaillances de celle qui avait beaucoup d'enfants, tandis que la stérile, avec ses sept enfants, fonda un nouveau sacerdoce en Jésus-Christ.

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