Satanisme 3

Darras tome 37 p. 201


111. Pendant que les uns déraisonnaient avec les étoiles, d'autres sophistiquaient avec les nombres. L'objet de ces pratiques était toujours le même : la prévoyance de l'avenir, la santé, l'or, l'amour, les vengeances ; l'inspirateur était toujours Satan : il n'y avait de changé que les moyens. Le florentin Ponzetti, un des philosophes de son temps, subtilise à perte de vue sur les propriétés du nom­bre sept. Ce nombre est formé de deux et de cinq, de quatre et de trois, d'un et de six : il vient d'un impair et de six pairs, il procède de la source de tous les nombres, puisque le nombre six est en­gendré et n'engendre pas. En outre, il vient de deux et de cinq : la dualité est le premier nombre, puisque l'unité n'est pas un nombre, mais le principe des nombres, et cinq représente les cinq causes des choses, savoir : Dieu, l'esprit, l'âme du monde, le ciel et les

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éléments. Vient-il de trois et de quatre? Quatre est composé d'un et de trois : un, unité et principe ; trois, origine du premier cube impair. — Dans le débordement du sensualisme ou se perdait la loi morale, l'or devenait la suprême puissance ; et de même que les Espagnols le cherchaient dans les mines d'Amérique, les rois en pressurant leurs peuples, les lettrés en mendiant, les soldats en pillant, les hérétiques en usurpant les biens de l'Église, de même les alchimistes le recherchaient avec les alambics et les fourneaux ; et, pour apprendre le grand art, ils allaient jusqu'en Orient ou bien en demandaient les secrets aux montagnes magnétiques de la Scandinavie.

 

Bernard Trévisano, né en 1406, en s'inspirant des Arabes, dé­pensa trois mille écus en expériences d'alchimie; plus tard, il se tourna vers d'autres grands maîtres et dépensa, pour trouver la pierre philosophale, six mille écus. On ne peut imaginer l'étrangeté des recettes qu'il recueillit près d'une foule de gens, ou trompés ou trompeurs. Après une longue maladie, il part en Allemagne, s'a­bouche avec un nouvel inventeur et opérant sur dix marcs, réussit bien vite à les perdre. Toujours déçu, non découragé, il parcourt l'Espagne, l'Angleterre, l'Ecosse, la France, l'Egypte, la Palestine, foyer de ces fameuses doctrines de transmutation. A l'âge de soixante-douze ans, après avoir dissipé son patrimoine, il arrive à Rhodes et apprend le grand secret ; c'est qu'on ne tire du creuset que ce qu'on a eu soin d'y mettre. A soixante-quinze ans, ayant perdu toute illusion, Trévisano écrivit la philosophie naturelle des métaux et apprit au monde, par l'étrangeté de ses recettes, comment il avait découvert l'art de se ruiner en cherchant à s'enri­chir.

 

On cite, parmi les alchimistes contemporains de Trévisano, Cor­nélius Agrippa, de Cologne, auteur de la Philosophie occulte ; et Théophraste Paracelse, d'Einsiedeln, qui rattachait la médecine à la magie ; et Jérôme Cardan, de Gallarate, dans le Milanais. On les connaîtra suffisamment par les doctrines et les recettes de ce der­nier. La magie naturelle enseigne huit choses : 1° les caractères des planètes, l'art de faire des anneaux et des sceaux ; 2° l’inter-

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prétation du vol des oiseaux ; 3° leur langage et celui des ani­maux; 4° la vertu des plantes; 5° la pierre philosophale; 6° la connaissance du passé, du présent et de l'avenir sons trois aspects; 7° les expériences pour parvenir à cette connaissance ; 8° l'art de prolonger la vie. A qui souffre d'insomnie, Cardan prescrit d'oin­dre son corps avec de la graisse d'ours ; à qui veut faire taire un chien qui aboie, il prescrit de tenir, dans le creux de sa main l'œil d'un chien noir. Voulez-vous des présages, la chiromancie, l'in­terprétation des songes, adressez-vous à Cardan. Cardan vous en­seignera à composer des sceaux pour faire dormir ou aimer, pour rendre invisible, infatigable et pour faire arriver à la fortune. Parmi ses talismans, le plus puissant est le sceau de Salomon. Une chandelle faite avec de la graisse humaine, quand elle est allumée dans le voisinage d'un trésor, pétille jusqu'à ce qu'elle s'éteigne. Cardan vous en déduit profondément les raisons. Il faut tenir compte de l'influence des étoiles, dans le traitement des maladies. Les prières faites à la sainte Vierge le premier avril, à huit heures du matin, sont exaucées infailliblement. Cardan tire l'horoscope de cent personnages ; il applique son système à des personnages historiques et va jusqu'à tirer l'horoscope du Christ: Dicentes se esse sapientes stulti facti sunt.


 

112. Marsile Ficin affirme que « c'est un axiome, parmi les Platoniciens, lequel semble même reçu de toute l'antiquité, qu'il y a un démon tutélaire pour chaque homme en ce monde et qu'il aide ceux dont il est le gardien. Il y avait un esprit familier dans la famille Torelli de Parme, qui, sous la figure d'une vieille laide, apparaissait sous une cheminée quand devait mourir un membre de la famille. » Il y avait aussi des génies familiers et des esprits follets qui apparaissaient pour aimer et servir, ou bien des esprits malins pour tourmenter et tenter. Un seigneur orgueilleux ordonne à un vilain de transporter dans son domaine un chêne énorme, sinon, gare à lui ; l'entreprise est au-dessus des forces du pauvre diable, qui se désespère, jusqu'à ce qu'un esprit follet prenne l'arbre par le faîte comme il eût fait d'un fétu, le place au travers de la porte du seigneur, après l'avoir tellement durci que ni la

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hache, ni le feu ne puisse l'entamer. Le père inquisiteur était telle­ment convaincu de ces faits qu'il en a rempli son livre (1). Entre autres anecdotes curieuses, il raconte qu'un esprit familier s'était tellement attaché à un garçon de seize ans, qu'il lui servait de do­mestique. En 1579, un autre esprit, à Bologne, s'était épris d'une servante ; quand ses maîtres la grondaient, il mettait tout sens dessus dessous dans la maison. L'année suivante, dans la même ville, la même scène se renouvelle avec une jeune fille de quinze ans. Le follet lui jouait les tours les plus bizarres : tantôt il brisait les vases à lessive, tantôt il roulait de grosses pierres dans l'esca­lier, tantôt il lançait des pierres pour briser les vitres, tantôt il jetait dans un puits des seaux et même des chats. Un prédicateur raconta au même inquisiteur qu'en Vénitie apparut un sorcier qui disait tenir deux esprits dans un anneau qu'il ferait parler lui-même ; sur l'invitation qui lui fut faite de jeter l'anneau, les esprits se mirent à pleurer et à prier le prédicateur de les prendre à son service, promettant de le rendre le plus grand orateur du monde. Sur ce, le bon prêtre, à force d'exorcismes, l'amena à confesser que c'était là une trame pour le faire tomber dans l'hérésie et le gagner à l'enfer.

 

   113. Le Palais des enchantements, imprimé avec l'approbation de l'inquisiteur, contient une foule d'histoires de démons, incubes et succubes, empruntées aux bons auteurs. La plus étrange est celle d'un prince de Sicile qui, nageant un soir dans la mer, fut abordé par une belle femme dont il eut un fils ; un jour cette femme disparut, et comme l'enfant jouait sur le bord de la mer, elle vint le reprendre et l'entraîna au fond des abîmes. A la fin du XIVe siècle, suivant Galateo, on croyait que certaines sorcières, se faisant des onctions, se changeaient en animaux et galopaient ou plutôt volaient à de lointains pays, s'accouplaient à des démons et tuaient des animaux. Cette créance, loin de tomber, prit une nou­velle force à la renaissance des études. En 1584, frère Rategno, de Côme, raconte que les sorcières, goules, et, quel que soit leur nom, celles qui allaient au sabbat, se réunissaient en certains

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(1) Abrégé de l'art de l'exorciste, Venise, 1605.

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lieux. Là, elles se livraient à des danses, à des amours infâmes ; elles se changeaient en loups, en chats et en autres bêtes. En dépit de l'Église, on banquetait largement au sabbat et on y profanait tout ce qu'il y avait de plus vénérable, les croix, les reliques, le pain consacré.  Le susdit frère a laissé un livre De Strygiis, où il se scandalise à l'idée qu'on puisse émettre un doute sur leur exis­tence. C'était, d'ailleurs, l'opinion commune, et le père Concina, dans sa grande théologie, publiée après 1730, acceptait les pro­diges des sorcières et de leurs concubins. Les masche, (c'est ainsi qu'on les appelle en italien), tiennent leurs assemblées dans la nuit du vendredi, renient en présence du diable notre sainte foi, le baptême, la bienheureuse vierge Marie ; elles foulent aux pieds la croix et promettent fidélité au diable en touchant sa main avec le dos de la main gauche. Tous ces détails résultent des confes­sions spontanées  faites aux inquisiteurs dans toute l'Italie.  La puissance des sorcières provenait de pactes avec le démon : il y avait donc là une impiété. L'Église devait la réprimer, de même qu'elle prenait soin de tous ceux qui étaient possédés du diable et qui étaient, pour le mal, ses involontaires instruments. Dans le seul diocèse de Côme, s'il faut en croire Barthélémy Spina, il y eut, dans une année, mille procès et cent condamnations.

 

   114. Il est presque superflu de faire observer que l'Église avait dès longtemps connu et défendu ces pratiques infernales. Ozanam, dans ses Études germaniques, cite un fragment d'examen de cons­cience où l'on voit avec quel soin l'Église extirpait toutes les vieilles pratiques du paganisme. Ces mêmes prohibitions se retrou­vent dans tous les pénitentiels. Dans un manuscrit du XIVe siècle, conservé à la bibliothèque palatine de Florence, on trouve les questions suivantes que le confesseur doit faire au pénitent :

 

« Croyez-vous aux devins qui prétendent lire dans les ceintures, les mouchoirs, sur l'ongle d'une enfant vierge, ou dans les résidus qui tombent du plomb fondu ? Avez-vous fait des observations sur les jours et le temps, soit sur les jours égyptiaques, soit sur celui de la décollation de S. Jean, sur les kalendes de janvier? Vous êtes-vous interdit de faire la lessive le vendredi et le samedi, ou de

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transformer le vin en vinaigre le vendredi, afin qu'il soit plus fort ? Avez-vous eu plus de confiance aux œufs pondus le jour de l'Ascension ? Avez-vous fait écrire l'antienne de sainte Agathe sur la cire d'un cierge fondu? Avez-vous de ces anneaux de plomb qu'on fabrique au moment où se chante la Passion ? Avez-vous eu foi aux songes ? à ceux qu'on appelle songes de Daniel ? aux chants des oiseaux ? aux aboiements des chiens ? aux rencontres de cer­tains animaux? aux éternuements d'une personne? aux bourdon­nements d'oreille ? Avez-vous cru que les animaux blasphèment le jour de l'Epiphanie ? Avez-vous fait quelque vaine observation sur le levain ou le tamis, ou autre chose employée après le coucher du soleil ? Avez-vous cueilli une certaine herbe, avec la pensée qu'il vaut mieux la cueillir un jour qu'un autre, et pourquoi ? Avez-vous mis du fer dans votre bouche au premier coup de cloche du samedi saint, sous prétexte que cela soulage du mal de dent ? Croyez-vous que les femmes se changent en chattes et vont au sabbat ? Croyez-vous qu'elles sucent le sang des petits enfants ? Avez-vous, pour donner des étrennes, choisi les kalendes de janvier? Avez-vous voulu deviner l'avenir par l'inspection des lignes de la main ? »

 

Jean XXII, dans une bulle de février 1317, disait : «Quelques personnes, résidant à notre cour, ne se contentant pas d'une science modérée suivant la doctrine de l'Apôtre, mais, ivres de vanité, se sont plongées dans la nécromancie, dans la géomancie et autres arts magiques ; elles vendent des livres et des formules de magie. Comme toutes ces choses sont des artifices du démon, tout chrétien a le devoir de s'en abstenir. Les susdites personnes font un fré­quent usage de miroirs et d'images consacrés selon leur rite abo­minable. Elles se placent dans des cercles d'où elles évoquent les esprits malins pour dresser d'infernales manœuvres contre le saint des hommes, soit en les tuant par la violence des enchantements, soit en leur insinuant des maladies de langueur.

 

« Parfois, ces personnes ont enfermé les démons dans des mi­roirs, des cercles, des anneaux pour les interroger sur le passé et sur l'avenir. Elles se sont plongées dans des divinations et des sor­tilèges, ayant parfois recours à Diane. Enfin, elles n'hésitent point

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à affirmer que non seulement elles peuvent, par des aliments ou des breuvages, mais par une seule parole, abréger ou prolonger, ou trancher la vie des hommes et les guérir de toute espèce de maladie. Aussi, négligeant le culte du vrai Créateur, elles s'en remettent aux suffrages des démons ; elles les croient dignes de recevoir leurs services et des honneurs divins, et, à l'imitation des idolâtres, elles les adorent. »

 

On voit, par cette bulle et par cet examen de conscience, avec quelle autorité et avec quelle sagesse l'Église prescrivait la démonolâtrie.

 

115. Les législations civiles étaient d'accord avec la loi de l'Église. Déjà le fameux jurisconsulte Barthole conseillait à l'évêque de Novarre, de faire mourir à petit feu une femme qui avait adoré le diable et fait mourir, par ses sortilèges plusieurs enfants. Une loi vénitienne de 1410, prohibe sévèrement ces sortilèges. Le statut de Mantoue, qui eut force de loi jusqu'en 1710, veut qu'on livre aux flammes les auteurs de maléfices, d'incantations, de sortilèges, de philtres. Dans ces philtres entraient des plantes qu'on appelle encore aujourd'hui herbes de sorcières: Della Porta et Cardan indiquent l'opium, la jusquiame, la belladone, le datura, le laudanum et la mandagore. Bodin, jurisconsulte de premier ordre, écrivit une Demonomania où il énumère les crimes des ma­giciens : l° ils reniaient Dieu, 2° ils le blasphémaient; 3° ils adoraient le diable ; 4° ils lui consacraient leurs enfants ; 5° ils les lui offraient comme victimes ; 6° ils les consacraient à ce démon dès le sein de leur mère ; 7° ils promettaient d'attirer à son service le plus de personnes possibles ; 8° ils juraient au nom du diable et s'en glori­fiaient ; 9° ils commettaient des incestes et des abominations ; 10° ils tuaient des personnes pour en cuire et en manger la chair ; 11° ils étaient surtout friands de la chair des pendus ; 12° ils faisaient mourir les gens à l'aide de poisons et de sortilèges ; 13° ils faisaient périr les bêtes, les fruits et les céréales ; 14° ils avaient commerce charnel avec le diable. Bodin se déchaîne contre ceux qui nient l'existence des sorcières ; l'excuse qu'il donne de ses emportements,

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c'est qu'il est impossible, pour peu qu'on soit touché de l'honneur de Dieu, de ne pas s'irriter contre de tels crimes.

 

Elisée Marini, parlant des magiciens, des sorcières, des enchan­teurs contre lesquels doit procéder le Saint-Office, (1) dit : « Plus ces personnes abondent en maints endroits de l'Italie, et aussi à l'étran­ger, plus il convient d'être vigilant ; aussi, nous ne devons pas ignorer que c'est ce tribunal qui doit juger tous ceux qui ont fait un pacte, soit implicite, soit explicite, soit par eux-mêmes, soit par autrui, avec le démon, savoir:

 

« Ceux qui retiennent prisonniers les démons dans des bagues, dans des miroirs, dans des médailles, dans des fioles et autres objets ;

« Ceux qui se sont donnés corps et âme en apostasiant la sainte foi catholique, et qui ont juré d'appartenir au démon, ou qui le lui ont écrit même avec leur propre sang;

« Ceux qui vont au bal qu'on a coutume d'appeler le Pliozzio ;

« Ceux qui jettent des sorts à des êtres raisonnables ou sans rai­son, en les sacrifiant au démon ;

« Ceux qui l'adorent ou implicitement ou explicitement, en lui offrant du sel, du pain, de l'alun et d'autres choses ;

« Ceux qui l'invoquent en lui demandant des grâces, en s'agenouillant devant lui, en allumant des cierges ou autres lumières, en l'appelant ange saint, ange blanc, ange noir, en lui disant votre sainteté, ou autres paroles semblables.

« Ceux qui lui demandent ce qu'il ne peut faire, comme de vio­lenter la volonté humaine, ou de savoir les choses futures qui dé­pendent de notre libre arbitre ;

« Ceux qui dans ces actes diaboliques se servant des choses saintes, par exemple des sacrements, soit dans leur forme, soit dans leur substance ou de choses sacramentelles et bénites, et de paroles de l'Écriture sainte ;

« Ceux qui mettent sur les autels, où l'on va offrir le saint sa­crifice, des fèves, du parchemin, de l'aimant ou autres objets, afin

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(1) Sacro arsenale, Bologne, 1665 ; on trouve les mêmes choses dans la Brève informations publiée à Modène en 1650.

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de consommer un sacrilège en célébrant sur ces objets la sainte messe ;

« Ceux qui écrivent ou récitent des oraisons non approuvées et même réprouvées par la sainte Église pour se faire aimer d'un amour deshonnête par exemple l'oraison de S. Daniel, celle de Ste Marie, celle de Ste Hélène ; ou qui portent sur eux des carac­tères, des cercles, des triangles etc., pour se préserver des coups de leurs ennemis, ou pour ne point confesser la vérité dans les tourments, ou qui gardent des écritures de nécromancien, font des incantations ou exercent l'astrologie judiciaire à propos d'actes qui dépendent de la libre volonté.

« Ceux qui font, comme on dit des marteaux, ou mettent au feu des petites marmites pour inspirer une passion ou pour empêcher l'exercice du devoir conjugal.

« Ceux qui jettent les fèves, se mesurent le bras avec les paumes des mains (font des passes), qui font tourner les cribles, qui exami­nent la trace des pieds, qui regardent ou font regarder dans les mains pour savoir les choses futures et passées, et qui pratiquent, d'autres sortilèges du même genre. »

L'Église connaissait le mal, et, avec la précision que donne une exacte connaissance, elle s'appliquait à le frapper.

 

116. Nous trouvons, dans l'histoire des pontifes Romains, une série d'actes contre cette invasion du satanisme. Le P. Carrara, dans l'histoire de Paul IV (Liv. II, § 8), rapporte qu'en ce temps-là les démons jouèrent des quatre pieds, parce qu'ils se sentaient vi­goureusement combattus. Entre autres exemples, l'an 1558, ils envahirent, à Rome, un asile d'orphelines. Le Pape institua, à ce propos, une congrégation de prélats respectables, à laquelle il mit le cardinal du Bellay et le général des Carmes, Rossi, les chargeant d'examiner le fait et de dissiper, par des exorcismes, le trouble subitement introduit parmi ces pauvres enfants. — Une magi­cienne, originaire d'Afrique, qui habitait le Trastevere, prétendit guérir un certain César, sellier du Pape, cataleptique qu'on croyait possédé du diable ; pour ne pas encourir les peines édictées contre les actes de superstition, elle demanda la permission du Pape. Le

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P. Ghisliéri la fit enfermer et soumit le sellier aux exorcismes du P. Rossi. Le Père reconnut qu'il était véritablement possédé; il ordonna à la mère de faire de minutieuses recherches dans sa mai­son. Cette femme découvrit, sous le seuil de la porte, une marmite pleine de maléfices. Ces faits sont racontés au long, par le P. Carrara, pour montrer combien le monde était souillé par les démons et comment Pie IV y remédia avec une sainte rigueur.

 

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