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4. Stations debout et assise
------- Prier debout est la position classique de la prière dans l'Ancien Testament. -------Le 20e canon du concile de Nicée prescrit que les chrétiens ne doivent pas s'agenouiller mais rester debout pendant le temps de Pâques. C'est le temps de la joie, le temps de la victoire de Jésus‑Christ, à laquelle nous nous associons par notre attitude corporelle. Lors de sa passion, Étienne, face à la rage de ses adversaires, lève les yeux au ciel et voit Jésus debout à la droite du Père. -------- C'est pourquoi nous écoutons l'Évangile debout, parce que la Parole du Christ demande une réponse à son appel, elle nous enjoint de lui faire écho dans notre vie et dans le monde.
------- l'orante ne représenterait pas tant l'Église en prière que l'âme entrée dans la gloire céleste, priant debout devant la face de Dieu. -------
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------ La figure de l'orante indique que la prière debout est une anticipation de l'avenir, de la gloire à venir vers laquelle elle a mission de nous orienter. --------
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5. Les gestes
Les bras ouverts et levés vers le ciel, dans l'attitude de l'orante évoquée plus haut, est le plus ancien geste de prière du christianisme. C'est un geste immémorial, transmis du fond des âges, un appel à Dieu qu'on retrouve dans toutes les religions. ---------
À toutes les significations symboliques de ce geste, les chrétiens ont ajouté une valeur christologique: les bras levés vers le ciel évoquent pour eux les bras du Crucifié qui confèrent une nouvelle profondeur au geste de prière originel. En étendant les bras, nous prions avec le Christ sur la Croix, nous nous unissons à son esprit (Ph 2, 5). Les bras écartelés du Crucifié ont une double signification: ils représentent chez le Christ la plus haute forme d'adoration, la totale conformité de sa volonté humaine avec celle du Père; en même temps ces bras s'ouvrent à nous, ils sont l'immense étreinte dans laquelle Jésus voudrait nous attirer (Jn 12, 32). Adoration de Dieu et amour du prochain coïncident dans ce geste, car s'ouvrir à Dieu, s'abandonner complètement à lui est inséparable de l'amour du prochain.
Le geste de joindre les mains est plus tardif, et il nous vient sans doute du régime féodal. Lors de la transmission d'un fief, le bénéficiaire plaçait ses mains jointes entre les mains du seigneur, dans un geste au symbolisme simple et profond, exprimant à la fois la confiance et la fidélité. -------
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6. Parole et silence
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La parole est présente tout au long de la liturgie. ------
A cette parole reçue, la voix des fidèles répond --------- Cette réponse prend des formes diverses. La principale est l'acclamation, héritée du monde antique, où elle jouait un rôle important. Ces acclamations sont les «Amen», «Alléluia», «Et cum spiritu tuo», qui ponctuent le déroulement de la liturgie. Ces acclamations, en scellant la réception de la Parole, parachèvent en quelque sorte le processus de la Révélation. En effet, Dieu n'a pas voulu rester solus Deus, solus Christus (seul Dieu, seul Christ), pour reprendre un verset du Gloria; Dieu a proféré sa Parole, et cette Parole doit lui revenir à travers la réponse de
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l'Église, son corps et son Épouse.
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Au Dieu qui s'adresse à nous, nous répondons par le chant ou la prière. Mais le grand mystère qui dépasse toute parole nous appelle au silence. Et le silence, à l'évidence, appartient aussi à la liturgie. Il faut que ce silence soit plein, qu'il ne soit pas simplement l'absence de discours et d'action. Ce que nous attendons de la liturgie, c'est qu'elle nous offre ce silence substantiel, positif, où nous pouvons nous retrouver nous‑mêmes. Un silence qui n'est pas une pause où mille pensées et désirs nous assaillent, mais un recueillement qui nous apporte la paix intérieure, qui nous laisse respirer et découvrir l'essentiel. -------Que l'on soit partout aujourd'hui à la recherche d'exercices de contemplation et d'une spiritualité du vide intérieur n'est pas un hasard. De toute évidence, cette recherche traduit un besoin réel de l'homme qui, dans la forme actuelle de la liturgique catholique, n'est pas satisfait.
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