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Orthodoxie et orthopraxie
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---- L'histoire des religions, dans le passé, a établi que les religions de l'Inde, en général, ne connaissent pas d'orthodoxie, mais l'orthopraxie;------
Ces religions n'en ont pas moins un système de pratiques rituelles, qui est tenu pour nécessaire au salut et qui différencie le «croyant » de l'incroyant: le croyant ne se reconnaît pas au contenu précis de la pensée, mais à l'observance scrupuleuse d'un rituel qui domine toute la vie.
Le sens d'orthopraxie ‑ un « comportement juste » ‑ est très exactement déterminé: un code de rites. Du reste, le mot orthodoxie avait à l'origine presque la même signification dans l'Église primitive et dans les Églises orientales.
Le terme doxa ne s'entendait naturellement pas dans le sens d'opinion juste: pour les Grecs, les opinions sont toujours relatives; on comprenait bien davantage doxa dans le sens de « gloire, glorification ».
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Être orthodoxe signifiait donc: connaître la juste façon dont Dieu veut être glorifié, et s'y appliquer. --------
Mais revenons à la récupération du terme orthopraxie dans la théologie moderne. -------Dès lors que l'on évacue la signification rituelle, telle qu'elle était conçue en Asie, la praxis peut être comprise dans un sens éthique ou politique. -------.
Comme on le voit, une orthodoxie ‑ dans l'acception moderne du terme ‑ sous‑tend entièrement cette orthopraxie, échafaudage de théories sur la voie
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de la liberté. ------
Une chose est claire cependant: les théories relativistes finissent par déboucher sur le facultatif, se rendant par là même superflues; ------- Là où le mystère ne compte plus, la politique est amenée à devenir religion.
Le New Age
Le relativisme de Hick, Knitter et des théoriciens qui s'apparentent à eux, repose finalement sur un rationalisme qui déclare la raison ‑ au sens où l'entend Kant ‑ inapte à la connaissance du métaphysique10; la nouvelle base de la religion suit la voie du pragmatisme
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avec une gradation plus éthique ou plus politique.
Mais il existe aussi une réponse clairement anti‑rationaliste à l'expérience du « Tout est relatif », résumée sous le titre générique de New Age11. L'issue au dilemme de la relativité n'est pas cherchée ici dans une rencontre nouvelle entre le "je" et le "Tu" ou le "Nous", mais dans la victoire sur soi‑même du sujet, dans le retour extatique à la ronde cosmique.
Comme la gnose antique, cette voie sait exploiter à son avantage les connaissances scientifiques de tout ordre (biologie, psychologie, sociologie, physique), se situant en totale sympathie avec tout ce que nous enseigne la science et ce à quoi elle prétend.
En même temps, elle propose sur cet arrière‑fond un modèle de religion anti-rationnelle, une «mystique » moderne: l'Absolu n'est pas objet de foi, mais d'expérience.
Dieu n'est pas une personne qui se tient face au monde, mais l'énergie spirituelle qui gouverne le Tout. La religion signifie l'immersion de mon Je dans le tout cosmique, le dépassement de toutes les séparations. ------
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-------- “Le sujet, qui voulait se soumettre toutes choses, aspire à présent à s'élever dans le Tout”12. La ratio qui objective ‑ affirme le New Age ‑nous barre la route du mystère de la réalité; l'être‑je nous exclut de la plénitude de la réalité cosmique, il brise l'harmonie du Tout et est le motif de notre incapacité à être sauvés.
La rédemption réside dans la dilatation du Je au‑delà de ses limites, dans l'immersion dans la plénitude du Vivant, dans le retour au Tout. L'extase est recherchée, l'ivresse de l'infini peut faire passer l'homme dans la masse grâce à une musique lancinante, au rythme, à la danse, à l'alternance frénétique de la lumière et de l'obscurité.
Les dieux sont de retour, devenus plus crédibles que Dieu. Les rites ancestraux doivent être renouvelés, dans lesquels le Je est initié aux mystères du Tout et libéré de lui‑même.
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