Entretien du pape avec les journalistes dans l'avion pour Berlin
Texte intégral
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Q : Sainteté, ------- Dans quelle mesure le pape Benoît XVI se sent-il encore allemand ? Et comment vous rendez-vous compte de l'influence, réelle ou décroissante, de votre origine allemande ?
Benoît XVI : Hölderlin disait : « La naissance est ce qu'il y a de plus décisif », et je ressens bien sûr aussi cela. ---------- Mais pour un chrétien, il faut ajouter quelque chose ; par le baptême, il naît de nouveau, il naît dans un peuple nouveau composé de tous les peuples, un peuple qui comprend tous les peuples et toutes les cultures et auquel il appartient vraiment désormais, sans pour autant perdre son origine naturelle. -------- Je dirais donc que l'origine demeure, que l'identité culturelle demeure et bien sûr aussi l'amour particulier et la responsabilité particulière, mais inséré et amplifié dans une appartenance plus grande, dans la « civitas Dei » comme dirait saint Augustin, dans le peuple de tous les peuples dans lequel nous sommes tous frères et sœurs.
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Q : Ce n'est pas la première fois que des groupes de personnes expriment leur opposition à votre venue dans un pays. ------- Les thèmes controversés sont connus depuis longtemps : le préservatif, l'eucharistie, le célibat. Avant votre voyage, même certains parlementaires ont adopté des positions critiques. --------
Benoît XVI : -------- En Allemagne, cette opposition a plusieurs dimensions : la vieille opposition entre culture germanique et romaine, les conflits de l'histoire, et puis nous sommes le pays de la Réforme, qui a accentué encore ces oppositions. Mais il y a aussi une grande appréciation de la foi catholique, une conviction croissante qu'à notre époque nous avons besoin de conviction, d'une force morale. A notre époque nous avons besoin d'une présence de Dieu. Ainsi, parallèlement à l'opposition, que je trouve naturelle et à laquelle il faut s'attendre, il y a beaucoup de monde qui m'attend avec joie, qui attend une fête de la foi, le fait d'être ensemble, la joie de connaître Dieu et de vivre ensemble dans l'avenir avec Dieu qui nous prend par la main et nous montre le chemin. -------
Q : Saint-Père, une dernière question. Vous allez visiter, à Erfurt, l'ancien couvent du réformateur Martin Luther. ------ Avec quel message, quelles pensées, vous préparez-vous à la rencontre ? Votre voyage doit-il être également vu comme un geste fraternel à l'égard des frères et sœurs séparés de Rome ?
Benoît XVI : Quand j'ai accepté l'invitation à faire ce voyage il était évident pour moi que l'oecuménisme avec nos amis évangéliques devait être un point fort et central de ce voyage. Nous vivons à une époque de sécularisation comme je l'ai déjà dit, au cours de laquelle les chrétiens ensemble, ont pour mission de rendre présent le message de Dieu, le message du Christ, de faire qu'il soit possible de croire, d'aller de l'avant avec ces grandes idées, ces vérités. Il est donc fondamental pour notre époque que les catholiques et les évangéliques soient ensemble, même si sur le plan institutionnel nous ne sommes pas parfaitement unis et même s'il reste des problèmes importants, des problèmes relatifs au fondement de la foi en Jésus Christ, en Dieu trinitaire et en l'homme comme image de Dieu. Nous sommes unis et il est essentiel de montrer cela au monde et d'approfondir cette unité, en ce moment historique. --------