Mgr di Falco rend hommage au bienheureux père Popiełuszko

Mgr di Falco rend hommage au bienheureux père Popiełuszko

3 novembre 2014

 

Dans sa chronique du dimanche 2 novembre 2014, Mgr Jean-Michel di Falco Léandri revient sur le témoignage de vie du prêtre polonais Jerzy Popiełuszko, dont on vient de célébrer le trentième anniversaire de son assassinat :

 

« Dans une de mes précédentes chroniques, je vous parlais de la publication du Livre noir de la condition des chrétiens dans le monde aux éditions XO. Ce livre traite des violences et des discriminations que subissent les chrétiens sur les différents continents. Si la partie sur l’Asie et sur l’Afrique font respectivement près de 200 et 400 pages, celle sur l’Europe et l’Amérique du Nord n’en fait que qu’une quinzaine.

 

Réjouissons-nous de cette liberté dans la pratique des religions dans nos pays européens. Pourtant, sans remonter à la deuxième guerre mondiale, n’oublions pas qu’il y a encore quelques années ce n’était pas le cas notamment de l’autre côté du rideau de fer.

 

Une des figures, un des symboles de cette persécution des hommes et des femmes de foi est le prêtre polonais Jerzy Popiełuszko dont le trentième anniversaire de son assassinat a été célébré le 19 octobre dernier.

 

En 1980, huit ans après son ordination sacerdotale, le père Popiełuszko se rapproche du milieu ouvrier et soutient activement le syndicat Solidarność. Cet engagement dérange les autorités qui vont user d’imagination pour le faire taire. Des espions l’entourent, parmi eux des prêtres, des laïcs et des proches collaborateurs. Des munitions sont déposées chez lui par les services secrets avant d’être découvertes par ces mêmes services et faire la une des journaux.


Le 13 décembre 1981 est instauré, en Pologne, l’état de siège et le syndicat Solidarność devient illégal. Le père Popiełuszko décide de célébrer, une fois par mois, la messe dite pour la patrie dans sa paroisse à Varsovie. Ces messes, appelées par les autorités séances de haine, rassemblent des milliers de personnes. Ses homélies appellent à la liberté et à l’espérance.

 

« Si aujourd’hui [le syndicat] est comme un arbre dont la couronne a été coupée, dont les branches ont été sciées, ses racines sont solides car ancrées dans le cœur et l’esprit des hommes. Un arbre qui va toujours bourgeonner pour rappeler au monde qu’il est, qu’il existe, qu’il vit ! » dit-il lors d’une homélie en août 83. Dans cette même homélie il ajoute : « La vie publique de Jésus-Christ avait pour but de rendre les hommes conscients d’une réalité très importante, celle d’avoir été créés pour la liberté ».

 

Les menaces de mort et les tentatives d’assassinat sont telles que son évêque lui propose de partir pour aller étudier à Rome. Proposition qu’il a aussitôt rejetée.


« Ne te laisse pas vaincre par le mal, sois vainqueur du mal par le bien », telle est sa devise, tirée de l’épitre de saint Paul aux Romains, qu’il appliquera jusqu’au 19 octobre 1984, jour où il a été enlevé par police, torturé et frappé à mort puis jeté dans un réservoir d’eau de la Vistule.

 

En 2010, lors de la messe de béatification sous les yeux de la maman du père Popiełuszko, le cardinal Amato rapporte les propos du pape Benoît XVI pour conclure son homélie : « Ce nouveau bienheureux fut prêtre et martyr, témoin assidu et inlassable du Christ : il a vaincu le mal par le bien jusqu’à en verser son sang. »

 

Deux mois avant sa mort, le père Popiełuszko dit dans son homélie : « Il y a deux ans, j’ai dit que le syndicat Solidarność a été blessé et la plaie saigne toujours mais ce n’est pas une blessure mortelle car on ne peut pas tuer l’espérance. »

 

Alors gardons cette espérance vive et vivante pour tous les discriminés, les persécutés, les torturés, les humiliés. »

© Robert Hivon 2014     twitter: @hivonphilo     skype: robert.hivon  Facebook et Google+: Robert Hivon